Né à Saint-Amand Montrond, Patrick Moulin est un autodidacte, parti à Paris, à l’âge de 21 ans, avec, comme seul but, de travailler dans la mode. Son truc surtout c’était styliste photo ou encore rédacteur de mode. Il a commencé comme assistant de rédaction, tout en travaillant comme serveur car il n’était pas payé comme assistant. Il a même fait baby sitter pour des producteurs de Canal Plus avec un bon feeling auprès des enfants.
À 25 ans il devient styliste photo en freelance pour le Mademoiselle américain, Harper’s Bazaar ou encore ID ou pour des pubs de parfums, de voitures. Pas mal d'argent aussi pendant dix ans. Durant un an, il s’occupe des costumes des Robin des Bois sur Canal Plus, avec de bonnes tranches de rigolades à la clé.
Quand il voit que des mannequins repartent avec les bijoux qu’il crée, il se dit qu’il y quelque chose à faire. La griffe va devenir sa griffe. Les copines vont défiler aux Beaux-arts de Bourges puis au Palais Jacques-Cœur. Sa dernière collection est un hommage au monde hip-hop et au graff. Block Style prend des citations de personnages célèbres avec des lettrages serrés.
1. Film
Patrick Moulin adore littéralement le film de Robert Aldrich, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? « Je me souviens que lors de mon arrivée à Los Angeles, j’ai eu les images de la décapotable et des palmiers. J’ai vu ce film à 20 ans et je l’ai revu plusieurs fois. L’histoire est complètement dingue. Bette Davis incarne une enfant star qui devient folle en vieillissant. Elle a pour sœur Joan Crawford. Les deux actrices se détestaient dans la vie. C’est à la fois une comédie mais aussi un suspense. Bette Davis et Marlene Dietrich m’inspirent pour créer des bijoux. J’aime ces femmes des années 30-40, hollywoodiennes, glamour, à forte personnalité. Cela m’influence dans mon travail.
Autre film qui m’a marqué, Les Yeux de Laura Mars de Irvin Kershner avec Faye Dunaway et Tommy Lee Jones. La photographe de mode a des visions de meurtres quand elle prend ses photos. C’est clinquant, typiquement l’idée que je me faisais de la mode. Blow Out, de Brian de Palma, avec John Travolta, est aussi un super film sur le son. Le Mépris, de Godard, quand tu le vois adolescent avec cet esthétisme, ce cadre, le choix des couleurs, ça marque.
Tout comme Almodovar qui sait cadrer les pieds et les jambes. Côté série, j’ai un faible pour Penny Dreadfull qui se déroule à l’époque Victorienne avec Eva Green que j’adore. Trash et puissant tout comme Breaking Bad, génial, ou encore Freud qui romance la vie de ce personnage cocaïnomane et fondateur de la psychanalyse. »
2. Œuvre
Le travail d’Annette Messager tape dans l’œil de Patrick Moulin. « J’adore les messages qu’elle donne et je m’en suis inspiré pour ma nouvelle création. J’ai plusieurs livres d’elle et c’est d’ailleurs par un livre que j’ai découvert son travail.
Banksy aussi et son art urbain impactant. Le coup de broyeuse lors d’une mise aux enchères : clin d’œil génial. Je me souviens qu’à 10 ans j’étais fou des photos de mode de Guy Bourdin, de la pose des femmes, des couleurs. Des photos qu’on ne peut plus vraiment faire. Helmut Newton aussi ou encore le noir et blanc de Peter Lindberg. J’ai travaillé avec lui, en Camargue, on était attaqué par les chevaux. Les sensations fortes font mon identité artistique. »
3. Livre
Je ne suis pas un gros lecteur mais il y a un livre qui me suit depuis ma vingtaine d’années, c’est Siddhartha de Herman Hess. Il m’a un peu sauvé, m’a appris à être combatif, je l’ouvre encore pour lire quelques pages.
Ado, j’ai lu le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde avec ce fameux fantasme de l’immortalité. Paulo Coelho j’aime bien aussi mais j’avoue que n’arrive pas à me concentrer après deux pages de lecture. Je ne suis pas très BD non plus alors que ma famille est très collectionneuse. Dans le train, j’ai ma tablette avec laquelle je fais tout. »
4. Disque
« Le disque qui sort du lot c’est l’Histoire de Melody Nelson de Gainsbourg que je rapproche de l’Homme à la tête de chou. C’est un poète à fleur de peau qui me touche et me transporte.
J’aime aussi beaucoup David Bowie avec Scary Monsters, Aladdin San et Let’s Dance. Il a été une icône de la mode, un dandy jouant sur les vêtements et les maquillages avec son côté androgyne.
Alicia Keys, Nicki Minaj sont des chanteuses qui me parlent. Etienne Daho, j’adore. Je ne pourrai pas vivre sans musique, j’en ai aussi besoin comme fil conducteur quand je crée une collection. Je fais des playlists, j’aimerais faire des petits films avec des musiques pour présenter la nouvelle collection. J’ai déjà les scénarios. »
5. Objet fétiche
Patrick Moulin va chercher un objet dans son bureau. « C’est une croix en porcelaine avec des épines que j’ai créée en 2008 et qui est ma marque de fabrique. Je suis très croyant mais pas pratiquant. Mon père pensait que j’allais devenir curé. Je passais mon temps dans les églises et les cimetières. Je fais ma petite prière le soir. Si j’avais été doué à l’école j’aurais fait histoire des religions. »
François Lesbre
August 30, 2020 at 10:30PM
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Robert Aldrich, Annette Messager, Melody Nelson...Les choix culturels de Patrick Moulin - Le Berry Républicain
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